Quatrième Etape

Ce repas complet achevé , plus ces quelques minutes de repos allongé dans l’herbe , puis le pointage à la sortie, me voilà reparti sur un chemin agréable en montée douce.

Compte tenu de l’heure, et de la crainte de me trouver seul dans le Coteau Maigre , je me rapproche d’une première randonneuse, avec laquelle je ne ferais route commune qu’une petite heure, car après un départ sur un rythme soutenu, elle ralentit fortement, alors que je conserve une cadence correcte.

La nuit tombe de manière brutale à La REUNION , il n’y a pas un long crépuscule comme en France : dés la disparition du soleil derrière l’océan , la luminosité baisse , à partir de 18H15. puis brusquement de 18H30 à 18h45 , il fait très sombre , puis nuit noire (aucune étoile ce jour là, le ciel était couvert).

Donc , un peu avant le Coteau Maigre , je me lie d’amitié avec une autre randonneuse croisée sur le bord du chemin , plus un peu plus loin avec un gars. Cette dame, qui devrait avoir le dossard n° 441 et s’appeler MARIANNE SALLIER ( si mes souvenirs sont exacts, car j’ai reconstitué cela après coup d’après divers indices , comme un bon flic ) se reconnaîtra si j’ai la chance qu’elle consulte Internet ; il s’agit d’une parisienne, venu avec son mari ( prof de gym je crois) et quelques amis faire le raid.

Le raid est l’occasion de rencontres de hasard, utiles pour meubler la solitude et surtout pour s’entre-aider et s’épauler dans la difficulté, les passages délicats, les moments de faiblesse.

Donc, à trois, nous avons passé la première véritable difficulté : le COTEAU MAIGRE , par la cause de plusieurs éléments : il fait nuit noire et nous marchons à la lampe ; il tombe une pluie fine qui nous oblige à sortir le Kway ( et surtout, pour moi qui suis myope, qui mouille mes lunettes et me brouille la vue), le sentier se couvre de pierres et de racines enchevêtrées ( donc humides, donc glissantes ! ) , il joue pas mal les montagnes russes, et enfin il y a les fameuses " ECHELLES " ( je ne me souviens plus combien , entre 5 et 10 je présume). La plupart étant en descendant , et descendre un échelle dans la nuit, c’est bigrement plus enquiquinant que d’en monter de jour. Nous débouchons enfin sur le plateau , et quelques minutes plus tard , nous voici enfin, avec un grand soupir de satisfaction , au campement du COTEAU KERGEVEN.

Il est 20h , l’accueil y est chaleureux , et chaud , un joli feu de bois nous permet de reprendre vie et de rêver quelques minutes avec une tasse de liquide chaud en main ( chocolat ou soupe ? ) . J’ai découvert que la soupe, genre ROYCO aux vermicelles , était le plat le plus souvent disponible dans le raid, et le plus aisé à ingurgité, tout en étant bien reconstituant ( mais bien sûr, la N-iéme fois, cela deviendra lassant et on aimerait d’autres variétés et d’autres saveurs de soupe bouillante)

A quelques mètres, sous une bâche de fortune, six randonneurs sont étendus sur des lits de camp, sous une couverture, et semblent dormir. Cela m’étonne. Je crois comprendre qu’il s’agit de gens épuisés, ou ayant un problème musculaire.

Un crachin humide continue de tomber , et dés qu’on s’écarte du feu , un petit frisson vous prend.