Sixième Etape

Il est environ 2h30 quand je pointe à la  porte de sortie , et surprise, ma co-équipière sort de son dortoir 10 mètres derrière , sans qu’on se sois concertés !

Et donc , nous voilà repartis ensemble pour nouvelle partie de l’épreuve.

Est-ce la fatigue, ou la nuit , mais les 500 premiers métres à travers CILAOS me semblent très mal balisés , et je crois me perdre à chaque tournant. Heureusement , un groupe de 3 randonneurs que nous suivons de prés sont plus sûrs d’eux mêmes , et au final nous voici sur une route très en contrebas , alors que je la croyais plus en hauteur !

Un ou deux kms plus loin, on abandonne cette route goudronnée , sous une banderole ( il semble y avoir plus loin sous un arbre un " contrôleur " qui surveille les resquilleurs), on plonge à gauche dans la pente qui me semble interminable vers le BASSIN FOUQUET.

Ici , un mini-camp avec contrôle de passage , sur les roches plates qui bordent la riviére qu’on traverse à gué. Les 2 bénévoles qui sont là sont probablement les plus courageus, car c’est le camp le plus inaccessible , et tout a dû être descendu à dos d’homme.

Deux ou trois minutes pour se masser les pieds , puis voilà la remontée symétrique sur la pente opposée , pour rejoindre l’autre point de contrôle établie directement sur la route. Nous mangeons là encore une soupe aux vermicelles, encore une ! Nous passons quelques instants prés du brazéro qui rougeoit au bord de la route. Ici aussi, une petite tente abrite quelques raiders en proie à l ‘épuisement. Ma collégue qui commence à être fatiguée, s’attarde un peu trop et je dois la forçer à repartir.

Nous entamons maintenant la montée du COL DU TAIBIT, qui à postériori m’apparaît comme la plus éprouvante : il y a 1060 M à monter , raide , depuis la riviére.

Nous mettrons environ 3 H , avec plusieurs mini arrêts , l’aube commençe à pointer , la pénombre s’éclaircie et très vite la lampe peut être économisée.

Ma collègue marche de plus en plus lentement ( ce qui ne l’empêche pas de causer ! AH les femmes ) ; A ce rythme, me dis-je en mon fort intérieur , nous n’arriverons jamais à temps à Grand Ilet , pour entamer la fameuse montée de la ROCHE ECRITE avant la tombée de la nuit ! ( et cette montée est ma hantise ! ). Aussi, aux deux tiers de la montée , je décide de l’abandonner ( au moins provisoirement ) et lui dit hypocritement que je prend de l’avance pour pouvoir me reposer plus longuement à MARLA , ou nous pourrons nous retrouver.

Le soleil lêche déjà Cilaos quand je franchis le col ; je n’y reste que quelques secondes pour contempler le panorama , car il y fait frisquet à cette heure matinale , et une sale vent y souffle. De l’autre coté, la vue sur MARLA est magnifique, mais le chemin est un affreux ramassis de pierrailles , très éprouvant pour les pieds. Moins d’une heure plus tard, l’arrivée dans le jolie coin es MARLA est un soulagement. Toujours la même nourriture , inutile de vous en rappeler la composition , hélas ; vite ingurgitée. J ’ai un petit doute, je crois me souvenir que j’y ai trouvé là ENFIN mon premier ROUGAIL SAUCISSE ; oui, je suis presque sur de ça , il était d’ailleurs assez bon ; mais quoi, un rougail en guise de PETIT DEJEUNER , à 7H30 du matin , faut être FOU , non ? et bien sachez que je n’étais pas le seul hélas , car quand j’ai eu envie de prendre du rab , il n’y en avait plus, et quelques personnes dégustaient les dernières saucisses assises sur les bancs.

Comme le soleil nous caressait délicieusement , l’endroit étant assez verdoyant , un envie de farniente me pris alors ( et un sentiment de digestion indispensable )

Je me suis donc allongé sous la grande tente , grande ouverte d’une taille pour au moins quarante roupilleurs ; il n’y en avaient de quatre ou cinq couchés sous des couvertures.

Une couverture par dessous pour rendre plus douillet mon couchage, une autre par dessus, et me voilà parti pour une somnolence d’une heure.