GUY CHABANT
GR653 : CHEMIN d'ARLES à COMPOSTELLE : VIA TOLOSANA
GENERALITES
GENERALITES
J'ai
voyagé de Lille à Arles en TGV le Mardi 6 mai et je suis revenu
le Dimanche 25 mai 2008, depuis Toulouse à Lille.
J'ai
donc marché 18 jours pour environ
450 kms , soit une étape moyenne de 25kms (le LEPERE
compte 469 kms). Avec deux longues étapes de 35 kms,
et quelques courtes de 20kms.
Mon
guide LEPERE (édition 2008) le fait en 18 étapes,
mais avec un découpage différent du mien sur deux
portions :
- De ARLES
à MONTPELLIER, j'avais prévu de retrouver un
ami environ 10kms avant Montpellier, avec logement chez l'une
de ses connaissances (cela a été annulé
in-extrémis) ; j'avais donc préférer
raccourcir à Vauvert, plutot que Guallargues
- Voulant
absolument passer à DOURGNES ( ABBAYES ), j'ai du recomposer
les étapes depuis La SALVETAT , et la suite en découle
: préférant le CANAL DU MIDI (qu'on présente
comme une "Variante", mais elle est en fait pratiquée
par plus des 3/4 des pèlerins), cela conduit à
Naurouze et Bazièges.
Je
serais seul à marcher, mon épouse étant partie en même
temps et pour un mois dans sa famille à l'Ile de LA REUNION.
Sur le chemin du PUY à SANTIAGO, que nous avons fait ensemble
en 2004, 2005, 2006, j'avais pris l'option tranquillité en réservant
d'avance tous les hébergements (sauf Espagne comme on le sait).
Ici, seul, je suis plus libre d'improviser ; mais en pratique,
j'ai vite constaté qu'il valait mieux faire plusieurs réservations
à l'avance (jusqu'à 6 jours).
Officiellement,
de ARLES à PUENTA-la-reina, il y a 889km et 33j. Puis
jusqu'à Compostelle : 699km et 29j. Au total : 1588km
et 62j
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IMPRESSIONS
GENERALES
Le
chemin est assez agréable, avec deux grandes parties quasiment
plates et à basse altitude (Arles - Montpellier au début , Castres
- Toulouse à la fin).
Le milieu du parcours est en petite montagne, avec des dénivelés
très raisonnables pour un marcheur alpin : on culmine vers 1.100m
, on marche entre 700 et 1000 m pendant plusieurs étapes dans
les Monts d'ORB. Cette partie se passe surtout en forêt , chênes,
châtaigniers, pins ; il y a rarement des vues dégagées.
Aucune difficulté majeure, si ce n'est certaines étapes très
longues dues à la rareté des hébergements.
Le temps était plutôt frais (10°c à 18°C) pour
un mois de Mai dans le Languedoc, beaucoup de journées étaient
avec un ciel couvert le matin, et des éclaircies l'après-midi.
Hormis
d'Arles à Montpellier, ou l'on marche dans une campagne découverte(
rizières, vignobles ), le reste du parcours est généralement
ombragé (forêts, canal et rivières bordée d'immenses platanes),
ce qui doit être appréciable par forte chaleur.
Pour
les réfractaires au goudron, comme moi, il y a hélas un peu
trop de passages sur des routes , mais aussi de chemins abusivement
goudronnées, la pire sottise étant de trouver des portions entières
du chemin de halage du Canal du Midi goudronnées (la DDE étant
pro-cycliste et n'ayant jamais marchée à pied bien sur).
Moins
d'EGLISES sur ce chemin que sur celui du PUY, quasiment aucune
ouverte ( à quoi sert un guide qui vous vante un tableau ou
un vitrail à voir dans une église fermée ?), le cas le plus
pénible étant la basilique ST SERNIN à Toulouse, qui ferme militairement
à 17h55 !
Sur
une grande partie du parcours, beaucoup de GENETS en fleurs
(jaune bien sur) et qui dégagent un bon parfum, et aussi d'autres
fleurs magnifiques dont j'ignore le nom.
Les animaux sauvages que vous pourrez voir, avec un peu de chance
: Cerfs - Biches - Mouflons - Chevreuils ; lapins ou lièvres
(très tôt le matin) ; salamandre (sorte de gros lézard jaune
et noir) ; canards , écureuils.
Les
hébergements sont beaucoup moins nombreux que sur la voie du
PUY, de taille en moyenne plus petite, et bien sur sans aucun
mesure avec le gigantisme de certains refuges en Espagne (100
- 150 places).
Le nombre de pèlerins est évidemment bien moindre : l'hôtesse
du gîte de LES CASSES dispose de statistiques précises, que
je cite de mémoire : environ 350 pèlerins par an au départ d'Arles,
environ 700 au niveau de Castres, environ 1000 de Toulouse au
Somport. A comparer aux 10.000 au moins partant du PUY et aux
20 à 30.000 qui passent (ou terminent ou partent) à ST JEAN
PIED DE PORT. Donc une fréquentation de l'ordre de 10 à 20 fois
plus faible.
Ceci
a une conséquence immédiate sur les gens que vous rencontrerez
: · ceux que vous trouverez au gîte de ST-GILLES le 1ER jour,
vous les retrouverez probablement à chaque étape. · sauf à raccourcir
fortement les étapes, ou a les allonger énormément (en faisant
2 étapes en 1 jour) , vous n'aurez que peu de chances de renouveler
vos rencontres, vos amitiés de circonstance, et peut être vos
inimitiés. ·
Vous pouvez vous trouver quasiment seul(e) à chaque étape ;
inversement, vous pouvez tomber en même temps que 5 à 8 personnes
, ce qui va remplir complètement beaucoup de petits hébergements
(capacité 4 à 8 lits) , donnant l'impression d'une saturation
permanente ! Les hébergeurs vous diront que la fréquentation
est totalement aléatoire, en dents de scie, une jour ZERO, un
jour 6 personnes, le lendemain un seul pèlerin ... ·
Si vous cherchez la solitude, elle sera facile à trouver ; vous
pouvez marcher pendant des heures, une journée entière, sans
rencontrer quiconque, sans doubler ou être doublé par un autre
pèlerin ; · a contrario, si vous stressez (par exemple pendant
des heures de marche solitaire dans une forêt sombre), il vaut
mieux partir à deux, ou bien se trouver dès la première étape
un pèlerin qui sympathise avec vous et veuille marcher de concert.
Pour ma part, la solitude m'agrée très bien, je marche à mon
rythme , je monte ou descend plus vite que la plupart de ceux
que j'ai rencontré mais peine sur le goudron, et je prend mon
temps sur toute chose , 5 secondes pour contempler une fleur,
30s pour une photo ici ou là, 15 minutes pour discuter avec
un vieux pépé en mal de contacts humains, petit repas léger
mais long arrêt les pieds à l'air et petite sieste si le temps
le permet ; et surtout départ assez tôt (6h - 7h) pour terminer
assez tôt ( 12h-15h).
Une
bonne partie des hébergeurs (gites municipaux, chambres d'hotes
homologuées) prennent en confiance le paiement par chèque, et
il y a un DAB dans la plupart des bourgades d'étapes, donc possibilité
de retirer de l'argent progressivement.
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LES
QUELQUES PELERINS QUE J'AI FREQUENTES SUR CE CHEMIN
.... Dès les premières
étapes .....
FRANCE
, la Marseillaise à l'accent inimitable, joyeuse et toujours
émerveillée comme un petit enfant (sa phase fétiche " C'est
TROOOP BEAU "), qui a terminé à Castres.
JEAN-CHARLES,
un SUISSE du Canton du Tessin, le seul parlant Italien, mais
parlant très bien le Français et quelques autres langues. A
la fois sympa, et un peu collant, se reposant beaucoup sur les
autres quand il le peux, beaucoup d'aventures diverses à travers
le monde, sac léger et très bon marcheur, mais croit un peu
trop à sa bonne étoile (pas de téléphone portable, débarque
dans un gîte sans avoir réserver), dans sa jeunesse plutôt rebelle
- hippie - anarchiste - antimilitariste (mal vu en Suisse).
MORGAN
, un ex Nordiste, en cours d'instruction religieuse dans l'un
des plus grand séminaire de France à HYERES, le seul ici à faire
réellement un chemin spirituel en vue d'approfondir sa foi religieuse,
destination Compostelle puis FATIMA dans la foulée.
PAPY
& MAMY
, ainsi baptisés par la jeunette de l'équipe, pour l'état-civil
ANDRE & CLAUDETTE , Vendéens de 71 et 67 ans , tenue
vestimentaire appareillée comme des jumeaux, marchant assez
lentement (Mamy a de mauvais genoux), mais arrivant toujours
à destination , les seuls à avoir bien préparés leurs réservations
à l'avance ;
la jeunette
Miss LUCILLE (25
ans) et son papa JEAN-LOUIS,
tous deux gros fumeurs (surtout le père) ayant pris le motif
" Faire le Chemin " comme motivation pour cessez complètement
de fumer, ce qui est très honorable et courageux, et je peux
attester qu'ils respectaient bien leur engagement le long du
chemin. Souhaitons leur de persévérer après leur retour dans
leur home du coté de Valence (Drome). J-L ayant dit-il 60% de
la capacité respiratoire normale, disait peiner dans les montées.
Quant à sa fille, les jeunes étant par nature peu prudents,
s'est retrouvée avec une tendinite aiguëe (ou quelque chose
de semblable) qui l'a mise H-S pendant 4 étapes de ST GERVAIS
à CASTRES, ou je les ai quittés définitivement (ils y restaient
un jour au repos). J'ignore pour l'instant s'ils ont continués
et jusqu'ou ( COMPOSTELLE ?? ) ; ·
.... Un peu plus
tard ou plus raeement .....
MONIQUE
& MAITE,
deux Vendéennes ex - Infirmières, dont l'une avait un pantalon
de toile bariolée rose / blanc, qui me remettait en mémoire
celui d'un Mexicain vu sur le Camino Espagnol en 2006. ....
Vers St-Guilhem ou Castres .....
deux Allemands
de Fribourg, la
dame Française d'origine, ·
JEAN-LUC,
le pèlerin le plus original pour moi : baliseur de chemins dans
le LOIRET , randonne avec sa tente / duvet / etc (poids du sac
... ?) et fait le plus souvent du camping sauvage (sauf à Toulouse
ou il a logé comme moi au FJT) , se pointe à Bazièges au gîte
vers 19h en pleine forme rien que pour discuter et faire tamponner
sa crédentiale, repart camper dans la nature, bronzé à l'excès,
plein de bagues aux doigts, semble manger très frugalement (il
a des rations lyophilisées), capable de très longues étapes
(parti d'Arles le 13 MAI, mais a sauté 2 étapes en bagnole par
un ami du coté de Montpellier), et écrivant le soir de longues
pages d'une écriture serrée et impeccablement régulière dans
son carnet de souvenirs (ou il m'a fait une place ... en bien
ou en mal ... ). Passe son temps sur les chemins de St-Jacques
: prévoit de sauter de Punta La Reina à Hendaye, pour enclencher
le Camino Del Norte , puis arrivé à Compostelle , repartir sur
un autre chemin (La Plata ?). ·
JOSE-MARIA,
un Espagnol, ou mieux un CATALAN (il flotte comme un air d'autonomie
ou d'indépendance dans les provinces espagnoles), mais parlant
très bien le français, avec accent chaleureux, faisant le chemin
d'Arles à rebrousse - poil : il avait fait Lescar - Puenta-L-R
, il fait ici Castres - Lescar, et plus tard Arles - Castres.
Un grand bavard très sympa, avec plein d'histoires (il suffit
de le brancher sur un thème, et ça roule), mais très discret
et pas du tout bruyant dans le dortoir : une perle ! Et comme
moi 41 ans de mariage (avec la même épouse pardi, et toujours
de la tendresse) , 4 enfants (que des filles , je suis mieux
Lotti avec mes 2+1). Avec un sac hyper léger, ce qui m'a complètement
assis sur le " c.. " : 6,8 KG sur la balance d'un marchand,
là ou le mien faisait presque 13 KG. Mais en tirant trop sur
le poids, on risque de faire une impasse sur des choses indispensables
surtout si temps FROID ou PLUVIEUX répétitif ; j'ai appris que
suite à journées pluvieuses, il avait abandonné à l'LE JOURDAIN.
·
NELLY,
une dame débarquant au hasard à 20H30 , sans téléphone portable
ni réservation, au gîte de Bazièges , et ayant la chance inouïe
de le trouver encore ouvert, et avec de la place libre à cette
heure (et trouvant cela normal) : cela parce qu'arrivée à Naurouze
vers 12H30, madame n'aimant pas glander toute l'après-midi ,
a enchaîné sur l'étape suivante (et parce qu'elle a pris le
raccourci économisant 1 ou 2h par rapport à suivre les méandres
de la Rigole). Le lendemain, partant tardivement vers 9H, arrivant
la fleur au fusil à Toulouse chez sa fille qui devait l'héberger
, trouvant porte close (compréhensible, elle devait l'attendre
seulement le lendemain), se pointe au FJT vers 18H sans s'en
faire (mais 2 places seulement : moi et J-L). J'ai eu la mal
politesse de la traiter d'imprévoyante, ce qui n'a pas plu.
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Les
meilleures rencontres (mais j'en oublie certaines)
TOUTANT,
Canadien québécois de Dromontville, m'ayant invité
à une rando au Québec.
le
Guide,
féroce Occitan de ST-GUILHEM.
la
commercante,
à LA SALVETAT , pour son accueil ouvert au public autour
d'un lunch / apéritif
Giedre
et Alain,
pour leur accueil à la Villa Issiates (mais la plupart
ds autres hospitaliers méritent aussi mes louanges, je
ne peux les citer tous).
Frère
VINCENT,
le moine humoriste et truculent (relire Rabelais) à EN
CALCAT.
mr
DAYDE,
le vieillard de 100 ans rencontré à REVEL.
L'ouvrier
Ebéniste,
rencontré à REVEL sur la "Rigole".
LIONEL
B. ,
l'hospitalier bénévole de BAZIEGES.
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PELERIN
ou RANDONNEUR ?
Est-on "
pélerin " par le simple fait que l'on marche sur l'un des chemins
catalogués comme Chemins de Compostelle ? La mode ou tendance,
aujourd'hui, va vers une réponse positive, cela donne au marcheur
une auréole du bon vieux temps, un petit vernis superficiel
de spiritualisme.
Pour ma part, je serais plus restrictif, n'attribuant le statut
de pèlerin qu'à ceux qui ont véritablement le but d'aller à
Compostelle pour prier l' apôtre Jacques et l'honorer, dans
une démarche religieuse chrétienne, ou au moins ceux s'efforcent
d'accomplir quelques actes religieux pendant le parcours.
Pour moi, l'immense majorité des marcheurs sur l'un des nombreux
chemins " de Compostelle " ne sont que des randonneurs, profitant
d'une bonne infrastructure et d'une bonne documentation, avec
un " plus " dans l'imaginaire collectif, et pour beaucoup attribuant
à ces chemins une vertu magique et spirituelle que vous absorberiez
le long du chemin en proportion de la boue amassée sur vos chaussures.
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