IMPRESSIONS GENERALES
Le parcours dans le GERS ne présente
pas d'intérêt majeur. Correctif: Michel me dit que je suis
trop sévère, le Gers vaut largement certaines étapes d'Espagne.
Par contre le pays BASQUE
est de toute beauté, avec d'immenses collines qui se succèdent,
et des parcours en ligne de crête merveilleux (pour ceux qui respectent
le parcours officiel et ne recherchent pas à tout prix les "raccourcis"
) ; la vision des sommets pyrénéens par temps clair est
un motif de joie et de sérénité. La soirée
dans certains gites est un souvenir mémorable !
La traversée des PYRENEES
( par les Cols à 1400 m d'altitude) est un moment fort du chemin
, sur le plan spirituel et physique , quoique beaucoup moins éprouvant
que la légende le raconte : d'une part il me semble impossible
de se perdre car le balisage est quasi parfait (sauf cas de brouillard
maximum) ; d'autre part, pour un marcheur montagnard entraîné,
l'effort est dans la moyenne d'une randonnée dans les Ecrins,
le Queyras ou La Réunion, surtout si l'on prend la précaution
de faire un intermédiaire à HOUTTO ou ORISSON.
De cette 1-ERE découverte du chemin
ESPAGNOL "CAMINO FRANCES" , nous retiendrons principalement
- Très peu de "GOUDRON" : même
si le chemin passe très souvent à proximité d'une
route, dont la fameuse RN120. Il est aménagé proprement
à quelques mètres , et bien séparé.
- Chemin souvent rectiligne, plat , peu de dénivellé,
souvent très large ( peu de vrais sentiers étroits )
, empierré ou sableux ; la fameuse "énorme montée
raide" en sortie de VILLAFRANCA MONTES DE OCA n'est qu'une gentille
rigolade pour nous.
- Pas mal de VTTistes, qui passent brusquement
en vous causant une frayeur, car vous marchez en étant dans
vos rêveries ou pensées profondes.
- des EGLISES presque toutes FERMEES hélas
! contrairement à la FRANCE ou un effort d'ouverture sur le
GR65 a été fait ; nous apprendrons assez tardivement
que les églises n'ouvrent qu'à certaines heures (genre
11h - 13h ) peu compatibles avec le plan de marche du randonneur matinal.
- une AFFLUENCE
ENORME en ce mois de MAI 2006 : Tous les Refuges sont pleins
dès 15 ou 16 heures, ce qui a des conséquences néfastes
et pernicieuses :
- les gens se lèvent de plus en plus tôt
: beaucoup à partir de 5H du matin , quelquefois 4H , la
plupart au son du clairon à 6H ; la moitié sont
déja en route à 6H30 alors que la NUIT est encore
là ! A 7H , 90% du dortoir est parti !
- c'est la COURSE au REFUGE , ou l'on arrive de
plus en plus tôt : dès 11H30 ... 12H ; si le gite
ouvre à midi , vous avez déja une rangée
d'une dizaine de sacs qui attendent l'ouverture ! dans l'heure
qui suit l'ouverture, le gîte est déja plein aux
2/3.
- l'angoisse de trouver le Refuge plein vous conduit
à raccourcir vos poses, à ne pas farnienter sur
le chemin, à passer trop vite dans les lieux à visiter,
à écourter vos méditations solitaires dans
les lieux d'inspiration (paysages, églises, ... ) ; en
France, je faisais souvent un pic-nique de midi suivi d'une longue
sieste d'une heure, en Espagne , repas de midi expédié
en 20 minutes ...
- des origines nationales nettement différentes
du Camino en France, avec un comportement spécifique
- des ESPAGNOLS très nombreux, qui parlent
très fort ( à vous assourdir ), qui hurlent dans
leur téléphone portable, dont beaucoup sont grassouillets
et ventripotents ; viennent - ils quelques jours , ou plus, sur
le Camino, pour tester leur restant de capacités sportives,
ou pour céder à une mode ?
- des ITALIENS, qui dès qu'ils sont plus
de 2 , deviennent eux aussi bruyants et fêtards
- des MEXICAINS , venus en groupe ( 15 personnes
), que nous retrouvions assez souvent à chaque étape,
ce qui augmentait les problèmes d'hébergement (
ils trustaient les places dans les petits refuges, encombraient
les équipements collectifs : cuisine, douche etc ..)
- des ALLEMANDS, assez nombreux me semblent-ils,
qui se regroupent en raison de leur langue
- des BRESILIENS
- des FRANCAIS bien sur
- les minorités : CANADIENS (du QUEBEC, mais
aussi Anglophones de l'ALBERTA), SUISSES, BELGES, NEW-ZEALAND,
AUSTRALIE, ANGLAIS, USA.
- une préparation physique attristante et dangeureuse:
un nombre important de gens semblent venir sur le CAMINO par effet
de mode, sans entrainement ou un entrainement minimaliste, et une
ignorance des règles de bases du randonneur aguérri.
Résultat : des étapes trop longues épuisantes,
des pieds dans un état effroyables (des ampoules mal soignées
dès leur apparition, nota : on dit "CLOQUES" ici
!), j'ai même entendu parler pour la 1ERE fois de ma vie de
FRACTURES, Micro-fissures dans les os des pieds, dues à l'effort
et la fatigue! Et ces gens croient pouvoir continuer en alternant
des étapes en BUS ou TAXI, et des étapes de marche ...
tout à fait stupide hélas !
- une SPIRITUALITE
en nette diminution : en discutant avec d'autres personnes
ayant la même approche que nous ( faire le chemin est au moins
à 50% à but spirituel et religieux) , nous sommes attristés
de voir le nombre très faible de randonneurs qui passent dans
les églises pour un faire une prière (celles ouvertes
bien sur !) , ou assister à la messe (quand il y en a une),
entre autres indices de parcours spirituel.
- en conséquence, je dis que maintenant, le terme
de PELERIN est obsolète, et que
l'on trouve principalement des RANDONNEURS ou pire des TOURISTES !
Certaines personnes rencontrées, ayant fait le chemin autrefois
( en 1999 pour l'un d'eux) constatent parfaitement cette évolution
des mentalités et comportements.
- la LANGUE : difficulté
de s'exprimer, pour qui ne maitrise pas correctement l' ESPAGNOL :
il est surprenant que dans un pays touristique, et surtout sur le
CAMINO ou passe autant de nationalités, quasiment aucun espagnol
ne connait une langue étrangère: ni ANGLAIS, ni FRANCAIS
hélas (et ceci vaut pour les HEBERGEURS, les COMMERCANTS, les
SERVEURS des restaurants)
- un BALISAGE quasiment
parfait du chemin, au moins pour le tracé officiel, sauf aux
approches des grandes villes ( Pampelune, Burgos ) ; par contre, il
serait souhaitable de disposer, sur le GR en entrant dans chaque bourgade,
de l'affichage d'un PLAN des rues avec mention des principaux sujets
d'intérêt : les refuges, les chambres d'hotes, les bars,
restaurants , églises, etc ...
- Suis-je SECTAIRE et CHAUVIN ?? les paysages
espagnols ne me semblent pas tellement passionnants, sauf quelques
rares exceptions, dont les MONTS de OCA (avant San Juan de Ortega)
, les églises ont des rétables imposants avec un luxe
tapageur de statues et de décors dorées dit-on à
l'or fin volé aux Incas au 16eme siècle (on peut préférer
la sobriété et l'autérité)
- La monotonie de longues plaines agricoles ou le seul
plaisir est de voir le blé nouveau onduler sous la brise, n'est rompu
que par l'étonnant spectacle des armadas d' EOLIENNES
qui tournent à l'horizon sur chaque sommet ou crête un
peu venté ! L'ESPAGNE semble nettement en avance sur la FRANCE
dans ce domaine de l'énergie renouvelable.
- l'invasion d'INTERNET : en
ESPAGNE beaucoup plus qu'en France, on voit dans les gîtes des bornes
Internet (prix habituel 1 euro pour 20 minutes de connexion en messagerie),
ou les gens défilent pour raconter leurs exploits ou transmettre je
ne sais quoi à leurs amis sur leur journée. Cela me surprend, car
je crois que les souvenirs méritent d'être décantés comme le bon vin.
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